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Le récit ruisselant (Pascal Leray)
I-La chair spectaculaire - 1-Notes de printemps

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 Article publié le 19 avril 2020.

oOo

Notes de printemps

 

 

Enfant de sonatine interrompue,

c’est l’idée approximative, ce lambeau qui te déchire.

Un rêve vrai ne répète jamais son récit ruisselant.

 

 

 

 

Le carré seul juge notre force. 

Abolition que je reste à dire.

D’une errance l’autre, advenu.

Boulimie de néant par tous les petits riens, au jour le jour.

Pas à pas,

etc.

Sous influence.

Une nouvelle façon de rire,  ,

De faire marrer l’autrefois..

Marier le mauvais goût

A la stupeur.

Et jouer la parodie

Incantatoire

Qu’il n’y a rien.

RIEN ! RIEN !

Nitchevo.

 

*

 

 

La journée a eu un étrange début, tout en parenthèse, voici.

 

Le bus et son auditoire, presque vide. Les heures de crue, si l’on veut, sont dépassées, loin en amont. Ce qui s’écoule, c’est le bus. Un homme, en face de moi, au fond du bus, s’insulte : il n’aime pas mentir, et qu’il se taise ! c’est un fils de pute, dit-il. Silencieux tout d’abord : je lisais Dickinson, je ne l’avais jamais remarqué. J’entends un bruit : sa tête avait cogné déjà ainsi, sur le carreau. J’avais cru à un heurt, d’une voiture contre ce bus essentiel. Mais cette fois, je l’avais entendu proférer des insultes - à son encontre, semble-t-il, au carreau devant lui - et je m’étais tourné vers lui, il s’est donné à lui-même un coup de tête, j’en suis persuadé, au carreau qui lui faisait face.

 

Puis, j’avais un métro à prendre. Il n’y a pas que des effets de lumière. C’est aussi, lorsque le train démarre, les crissements des roues sur les rails, avec les rires de ses convives.

 

 

 

 

 

 

 

Je ne suis pas le premier vers de ta prière,

Emily Dickinson.

Mais je connais la douceur de ta peine.

Que tu me portes dans ton ventre,

C’est ma joie et mon silence

Car nous ne sommes que ce deuil.

 

 

 

*

 

 

Ce printemps-ci, je l’ai déjà écrit, est vraiment un été. Toute la semaine, il a régné une chaleur pesante, épouvantable d’après le bitume qui le prend toujours mal. Et toute la semaine, l’université a été désertée. Le hall était inhabité. A peine venait-on aux cours. Et seulement sur le gazon on pouvait rencontrer des âmes occupées à bronzer, à s’envelopper de chaleur, à savourer l’été précoce de ce mois de mai.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

*

 

Le goutte à goutte qui se distille dans la nuit, au moment où je rentre, que n’atténue pas la lumière stridemment blafarde, allumée brusquement, d’un claquement de porte aussitôt tu, m’émeut.

 

J’éteins la lumière et je m’éloigne doucement de l’évier résonnant pour monter, attentif à chaque marche, l’escalier qui me convie en moi, dans une petite chambre que n’éclairent que deux chandelles. Et la radio qui diffuse une mélodie.

 

Un grand silence attend que crissent les dernières vibrations émanant d’un piano lointain dont on joue avec une calme facétie, qu’une main caresse amoureusement, dissipant les notes plus qu’elle ne les joue, les déliant et les libérant. Un sourire sonore qui se ne crispe pas, qui n’est que nuit – mon entière nuit.

 

Je souffle les bougies et une note se dénue devant mes yeux que je garde mi-clos afin d’en dessiner, dans la pénombre, l’harmonie car par-dessus moi est et parce que j’entends aussi la grogne souterraine qui n’est qu’autrefois mais qui fut le voyage d’où je rentre.

 

A l’instant même, ai-je respiré la senteur chaude de la cire, me viennent des échos des entrailles de la terre. Car par-dessus moi est, je les regarde qui s’envolent.

 

Déraisonnable mutation : il n’y a plus un bruit.

 

Quand je m’endors, souvent, c’est que je n’entends plus. Cela peut prendre très longtemps. Un voyage inquiétant et calme, parfois seulement brusqué, qui évanouit les murs jusqu’à m’enfermer plus profondément, dans l’étroitesse d’une chambre sourde.

 

 

 

 

Amour

Ecoute plutôt l’arbre

Qui ne lasse pas

Il ne se lasse pas

Écoute de son bruissement

Mélismes et répons.

 

 

 

 

*

 

 

Je ne sais pas pourquoi je retourne à l’université, j’y rendrai un travail et voilà ma journée. Ainsi, je pourrai dire que la vie est bien mal foutue et j’aurai tort mais j’aurai aussi bien raison. Parce qu’autour de moi, on dit pareillement que la vie est mauvaise, toujours envers soi. Ce doit être une raison parmi celles qui me poussent à partir de chez moi, avec quelque retard, mais je m’en moque oui : je m’en moque.

 

Et le train crisse et il chahute et il s’accidentera bientôt, sans doute mais cela m’est égal, j’attends le tournant avec une impatience telle que je voudrais pouvoir le provoquer. Mais il s’arrête. C’est que survient une station nouvelle, c’est qu’on entre et qu’on sort du wagon où je reste mais le train repart déjà. Le silence assis à côté de moi caresse sa cuisse d’une main rêveuse, avec sur elle un œil, le mien, d’autres regards aussi fatigués que le mien, on entre, de nombreux voyageurs venus s’asseoir.

 

Le train dans lequel je voyage est moderne et bien sûr on ne s’y trouve qu’avec angoisse, parce qu’il tremble. On veut se rassurer à chaque station franchie, on accueille les passagers en les avertissant du danger qu’il y a à entreprendre un voyage aussi dangereux. « Parce qu’il tremble, c’en est effroyable ! »

 

 

 

 

*

 

 

Je ne puis conclure que hâtivement.

 

Ce qui m’est donné m’inquiète nécessairement et si je veux y voir quelque chose, il me faut écarter ce soleil, soulever la poussière devant moi et derrière moi je ne verrai jamais, guidé par une crainte antique, les mutations d’un univers qui s’ébat sans prudence, sans modération, épris de soi.

 

Je ne regarde jamais derrière moi. Je me faufile parmi la poussière, accordant tous mes yeux aux sables. Et je me dis qu’ainsi, peut-être, me sera donné de percevoir, sans pour autant m’y esquinter.

 

La lumière jaillit du sol ; c’est dans ce remue-ménage que la terre ébahit ses pores. Toute blancheur est bannie. Des rivières fissurent le sol dont on ne sait où elles prennent source. Des rives se retournent. On regarde un soleil qui se fouette impuissamment et l’on se sent renaître, vraiment. Rien ne paraît moins lumineux que ce soleil. Il m’arrive de lui crier après.

 

Le silence est dense ici, je finis toujours par douter qu’il m’entende. J’imagine que ce silence non plus n’est pas seul, avec sa clarté grave et inquiétante que répandent les volcans de cette chair. Mais il m’irrite à contredire les vents furieux qui se propagent ou qui se disséminent avec la franchise et parfois la morsure de la pluie.

 

 

 

 

 

Sans doute,

j’aurais aussi pu marcher sur l’eau

Si je n’étais resté

à contempler ma foi

flétrir au large d’un océan de

parfois.

 

Surgissent un instant

de vaniteux îlots.

 

La mort ne nous est pas donnée. Seulement allouée parmi la vie. La mort n’est ni un ordre, ni aucun désordre. Elle a le talent d’abolir les perspectives.

 

« Assassinez quelqu’un !, m’ordonna un passant. Mais arrêtez de vous morfondre ! »

 

Il disparut ensuite.

 

 

 

 

 

*

 

 

A partir d’une ligne il m’a été donné de dessiner un château fort. On imagine l’enfance qui me fut par là même rendue. Mais on imagine mal. Moi-même, j’avais le trait mal assuré.

 

Cependant les tremblements qui me rendaient si difficile mon travail de bâtisseur m’interpellèrent bientôt : « Car tu ne connais rien à ton enfance, tu doutes trop. Laisse-nous faire ». Je n’eus guère le choix : je me laissai aller aux violentes convulsions qui m’avaient arrêté, que je devins sans pour autant mieux les entendre.

 

Bientôt on abaissa le pont-levis et il ne fit pour moi plus aucun doute que l’on m’invitait. Bien sur le château était encore inhabité. En conséquence, il était poussiéreux. Tout de suite, je détestai l’ameublement rigide de ses chambres. Tout me semblait si désuet, si vieux, dans ce château, j’eus vraiment peur d’y demeurer.

 

 

 

Scène

 

 

Avec ses yeux baignés de sang, sans doute, c’était un enfant. Il avait aussi ce visage de sable et un rire brusque qui le ridait tout entier, parfois, quand il riait, avec l’éclat glacial de son innocence désespérée. Et la chemise rouge pâle sur la peau jaunie de cet enfant trop maigre et déjà vieux. Je les ai vus, sous un soleil complice du bitume qui fumait d’une fumée nauséabonde. Elle brûlait leurs jambes sur le chemin de l’hôpital.

 

 

 

 

 

 

« Tu songeais à écrire. C’était encore trop d’ambition. »

 

« Ce n’était qu’un modus morituri. »

 

« Tu entendais emporter avec toi des âmes. »

 

« Par milliers... »

 

« Un jour pourtant... »

 

« C’est vrai ! J’ai découvert... »

 

« Le monde ».

 

« Seigneur ! Car je n’étais qu’un enfant de la crise économique. »

 

 

 

 

Il y avait la beauté.

Sans doute, elle baignait dans un pore, mais c’était elle.

 

Demeurerait la vie

Qui bégayait, au point que je ne saisissais

Ce qu’elle avait à dire.

 

« Tout ne peu pas mourir, ce n’est pas vrai !

Je crois encore pouvoir narguer l’éternité.

J’en parle à qui ne veut m’entendre.

Ainsi réponse m’est donnée. »

 

Et à mes molécules, à mes atomes.

(Tous se taisent « car nous ne savions pas »)

Que tout cela fut un éclat, le même,

Sans doute trop infime sous ses fards.

 

Et la beauté s’accordait à la chair.

« Parfois, lui disait-elle, j’ai seulement envie de m’en aller. »

 

« Oh non ! », paraissait s’excuser la chair, « Pas maintenant ! »

 

 

Excuse

 

 

J’ai entrouvert la bouche.

L’érotisme de mon souffle m’a surpris.

 

J’ai entendu siffler.

 

Un éclair a surgi

(mais un bruit épouvantable règne dans l’attente du

dernier métro -

quoi ?)

 

Un œil pour

moi.

C’est tout ce que je souhaite.

Nulle autre liberté.

 

 

 

 

 

On attend de ces voyageurs

Qu’ils viennent et qu’ils nous emmènent,

Qu’ils partagent leur pitance

Dissemblable au demeurant.

 

Et on les voit passer.

Mais s’ils s’arrêtent vraiment,

Ce n’est que pour conter

leur faim, leur soif, leurs plaies et leur vieillesse.

 

Et ils quémandent, malheureux.

Ils voudraient qu’on les loge,

Qu’on les nourrisse et qu’on les rase

Car ces énormes barbes,

geignent-ils,

Ne font que rendre leurs voyages plus pénibles,

Interminables.

 

On attend trop certainement

De ces jours qui surviennent

Pour fuir presque aussitôt.

Et l’on reste cloîtré

Le nez collé au carreau trop épais

D’une fenêtre, à prier du regard.

 

 

 

 

C’est bien la nuit qui se soulève.

Le jour se laisse aller

à son hypothétique déraison.

 

Repos ! Bestioles de ma crédulité.

Assez de vos magies fécondes.

Assez de vos ébats immaculés.

 

 

Vénération des postulats

 

 

Le nouveau-né --- une aube

Et l’assassin crépusculaire

Dans la présomptions des portraits.

 

Lorsque les murs s’effondrent,

L’ombre aussi tarit.

Je n’ai connu que ses fissures.

 

Mon visage n’est que neige

La neige n’est qu’aube

pour pleurer

 

La foi se sculpte sous les chairs.

C’est la prière de mes entrailles.

 

Et un spectacle inconsolable.

 

 

 

 

A l’âge de raison

de votre monstrueuse liberté,

C’est la nature qui jouit

que nous l’éventrions.

 

La passion est innée.

C’est le chemin d’un spectateur sain,

Libéré de l’inaccessible scène.

 

 

 

 

 

 

 

Que de promesses vers l’oubli !

C’est l’antiquité vive du théâtre

Confondu odieusement avec

Sourire.

 

Paroles de ma bouche

Tombées.

J’ai osé vous confondre.

 

Vous n’étiez que bruit.

Je n’étais pas un chant.

Ma chair muette m’a trahi.

 

 

 

La mouche.

 

 

 

Il faut peut-être que ce soir passé dans la tristesse calme qu’est ma solitude, je livre mon dernier combat.

 

J’ai abattu en ma mémoire de prestigieux vestiges – après quoi, j’espérais bientôt dormir. Alité, je me suis consacré à une adulte rêverie : mon avenir radieux, une main contre l’autre sur le ventre, le regard tourné vers le plafond – j’ai entendu un bruit. Un murmure aérien, plus silencieux que le silence et je l’écoute.

 

J’y vois le signe que les dieux connaissent mon malheur, qu’ils s’en amusent. Ils veulent sans doute que je livre mon dernier combat : une mouche, quelque part en ce lieu clos, tourne inlassablement et je l’écoute et parfois je la vois.

 

Je pourrais presque l’invoquer. J’ai ce désir qu’elle me connaisse, qu’elle sache tue notre native inimitié car je l’ai révoquée, j’espère. J’ai beaucoup à lui dire, à cette mouche. Je pourrais l’écraser, ce serait sans remord. C’est mon dernier combat, j’en suis certain, de l’écouter, de l’irriter par une forte somnolence, de déjouer sa narguerie.

 

Elle est en moi : c’est ma maudite mouche qui me tourne autour, depuis peut-être qu’on me l’a appris. Mais celle-ci qui vaque à sa ronde incertaine vagabonde, je ne la connais pas, je ne lui souhaite pas un crime. Surtout pas le mien. Elle n’est pas musicienne, cette mouche : c’est une emmerdeuse.

 

Inattaquable, inoffensive, elle a pourtant beaucoup à disputer à ma raison. Et ma raison vacille. Je ne songe même plus à mon décès prochain.

 

 

 

 

 

Dans la pénombre d’un théâtre

jusqu’au crime

 

 

 

On aura peine à concevoir la suite d’un récit inachevé. Cependant, peut-on s’assurer, quelque part d’autres pages furent écrites. Et peut-être si bien qu’elles furent arrachées.

 

Le livre mutilé ne vous répondra pas. Sa nombreuse abomination ne sera pas levée. Il faut s’avouer dictateur et connaître son âme, en quoi elle est mauvaise et ne devient que pure, combien !

 

Ensuite, afin de tracer les destins charnus de divers soi plus mensongers que ne peut l’hypocrite : à chacun l’univers dévoile sa peine - au mieux, on la rendra légère. Au pire : convenue.

 

Le livre ouvert est tel jusqu’à son dernier lieu qui le recueille tout entier : ultime déception de n’avoir pas vécu pour s’ignorer mourant. Inquiétude immobile du savoir.

 

 

 

 

Prière pour l’heure

 

 

Car je ne suis moi-même qu’un fœtus

 

L’univers était mon théâtre. En cette joie indubitable je fus calomnié.

 

L’univers aboli, telle est ma peine désunie. Parmi la frénétique rêverie de mondes impartis, je m’égaille incertain. Je ne croyais pourtant que mon embryonnaire synergie. Je me suis contraint à marchander mes sables.

 

Je me reconnais mal encore. Et j’interroge tout. Car autant d’âmes souhaiteraient trouver repos, fût-ce l’espace d’un instant, que je ne sais leur offrir mais je persévère.

 

Enfin mon doute, que je connais seulement, qui n’exaucera jamais ni même une prière ni peut-être aucune intention que j’ai, génère seulement l’offrande que je multiplie à nos désirs.

 

Un labeur inconscient, qui ne produirait rien du tout, peut-être par mystère seulement, y dépitant le travail de l’âme par la mort : un faisceau incroyable de l’humanité.

 

 

 

 

 

 

 

 

Aux portes et fenêtres d’une maison close,

je demande mon chemin.

 

Je ne voudrais plus croire ma peur. Ce n’est vraiment qu’un mot, une chimère, une divinité confuse : encore, un abus de langage. La peur, je voudrais m’en débarrasser. Et je voudrais l’écrire sur des milliers de pages.

 

Il s’agissait de ne plus croire en la peur, d’y voir un mot, un abus de langage, une chimère : n’ayant eu que la peur pour dieu, ou ----

 

 

 

 

Excursion

 

 

S’en aller en ville, afin peut-être de trouver de l’abandon : le chemin d’une errance interminable, bousculée, éparse, dénuée de vérité. Afin peut-être de ne concevoir ni mort, ni existence, rien qui prie en soi ou qui hurle à l’aveugle énergie qui brise et qui instruit, à se renouveler sans peine, avec malheur, interminablement et sans défense mais qu’un sort malheureux défend, qui lui défend d’un parfait bouclier l’entende de ce qu’il est du moins en partie.

 

 

 

 

 

 

Voici le siège des douleurs :

 

Il est ovale

et revêtu de chair. Elle a vieilli. Elle a pâli et s’est autrefois craquelée. Autrefois.

 

La douleur que prononce la magie de ce fauteuil inconfortable m’a aimé. Et je me suis assis sur son cuir carrelé.

 

Je n’ai renouvelé mon abandon que pour l’inscrire le temps d’un somme.

 

 

 

 

 

 

Derrière une colonne

 

 

Puis nous avons vécu ce que les temps nous permettaient de vivre, c’est-à-dire entre deux mondes, nous avons diversifié nos amusements.

 

L’apparition de dimensions nous y aida, ainsi que la fossilisation de tout ce qui avait été auparavant, l’espace et le temps.

 

 

*

 

 

En regardant, contemplatif, ce ciel d’autrefois, il méditait immensément et nous mêlait à sa prière.

 

*

 

Un lecteur inconscient qui ne poursuivrait rien du tout, peut-être par mystère seulement, y dépliant le travail de l’âme par la mort : un faisceau incroyable de l’humanité.

 

 

*

 

 

Les cinémas qui s’attardent la nuit ne vous montreront rien sinon des choses dénuées.

 

Par ailleurs, quelques dissipations se font sentir dans la périphérie.

 

On pille les cimetières avec des jonquilles pour imiter le bruit de la pelle. Et l’on voudrait encore y croire ?

 

 

 

 

 

 

 

Ce qui s’écoule entre mes doigts se faufile.

 

A ma source peut-être je suis attendu.

 

(Les jours aussi passaient sans égards). Je n’en savais rien.

 

D’antiques théâtres nous revêtent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Où va le monde ?

Car se qui est, je vois,

Se transforme à son tour.

Ce qui n’est pas, je sais,

Inexorable précipite.

Le moindre geste semble alors

Tenir d’une alchimie médiocre.

 

Le candélabre vestigiel

Où loger sa prière.

 

 

 

 

 

 

Si tout est haïssable,

Alors je ne crois plus en rien.

Car tout revient à devenir

Mon évanouissement.

 

Nuée de la raison,

la conséquente monodie défunte,

j’en suis le retour.

 

Je suis le compagnon d’une mémoire qui se fuit,

Qui feint de se chercher dans sa progéniture.

Mais ne sais-tu, toi que je suis à travers plaines ?

L’éternité perdue, on ne saurait se rencontrer.

 

Du moins je voudrais être

ce joueur incomparable.

 

 

 

 

 

La passion se confond

obstinément

Avec pénombre et tombe.

 

Aimable déraison.

La nuit ne m’a jamais trahi.

 

 

 

 

 

 

 

Voyageur de l’infime,

Infini compagnon de mon inexcusable

Doute,

tu ne m’accompagnes pas aux déraisons.

 

Ceci

est une prière orgiaque,

un théâtre intestin.

 

La scène, ce n’est qu’une estrade.

Et les acteurs le savent.

Les spectateurs le savent.

Dans la pénombre d’un théâtre

jusqu’au crime.

 

 

 

 

*

 

 

Avec une amie dans l’ivresse,

Je parlais beaucoup, c’est vrai.

C’était la rue

Animée de passants burlesques

Au teint doré du soleil au couchant.

Mais elle m’entendait si mal.

Vrombissaient les voitures quand survint

Pour notre aveuglement une procession de camions  

Si lents, semblables et pesants.

Elle ne m’entendit plus du tout, je crois.

Et nous traversions la rue. 

Elle ne le savait pas mais chaque pas

Nous éloignait.

Et nous regardions nos ombres prendre du chemin.

« Quand nous aurons traversé cette rue, malgré la pesanteur lui dis-je, nous pourrons prendre dans nos mains ces ombres grandissantes ».

Je sais qu’elle ne m’entendait plus alors..

Chacun captif, nous sommes-nous quittés.

Nous n’avons pourtant plus connu de telles ombres.

 

 

 

 

 

Ne te tais pas, mon seul espoir

Car tu m’entonnes, lancinant.

Je ne voudrais jamais tomber.

 

Et s’il devait ce taire, ce chant,

Le voici.

Interromps-le, pour moi, j’ai seulement

Frayeur qu’il m’évanouisse.

 

 

*

 

 

Chaque jour je prends le bus et je m’arrête à Bobigny, station « La Folie ».

 

Toutes les villes que j’ai traversées pour en arriver là, ce ne fut qu’une nuit. Mais j’ai recommencé, autant de fois qu’il me le fut permis. Je voulais visiter l’enfer, pas la folie.

 

Un morceau de

cette plaine que

j’ai traversée

m’accompagnera

longtemps : j’ai peu

dormi et le voyage continue

Retourner ? Il n’y a rien à faire.  

 

 

 

 

 

Cet autre qui est le poète, lui aussi parois, imagine un poème, un jour, encore très jeune (mais le ne se sait pas encore).

 

Parfois retrouve-t-il en sa mémoire, par une irruption figée, quelques mots. Bientôt, il s’y investira et sans doute vivra-t-il dans l’intention d’un poème unique qu’il modifiera selon sa vieille éducation.

 

A quelque chose parvenu, il s’en ira certainement, nous léguant son poème inachevé. Il n’y aura que lui, il n’y aura que lui à le croire défait. Tout un chacun, aussi, qui aura peine à s’en saisir.

 

On le considérera ou non. Mais ce ne seront que des mots, énumérant l’imaginaire de leur condition.

 

 

Le langage idéal

 

 

Le langage idéal ne connaît pas l’idée. Il ne sait être que lui-même et par cela, par cette conséquente humilité, demeure.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai rencontré hier un homme dépité.

Il se noyait, peut-être parmi l’air.

Sa frêle mélodie n’était qu’une colère,

Le chant affreux d’une magie désenchantée.

 

Je l’entendais, c’était une ombre en vérité.

Cet homme sans parole, inquiétant, amer

Que connaît l’âme qui de la vie désespère.

J’ai rencontré hier ma propre liberté.

 

 

 

Synthèse 

 

 

Bientôt une autre page de mon écriture se tournera, avec peut-être ce cahier. J’ai ainsi décidé que je me tournerai décidément du côté de la folie. A petits pas, bien sûr. Le processus, je le crois irrémédiable, est aussi d’une lenteur douloureuse.

 

En attendant, mon travail se précise vaguement. Une prose, je l’espère abondante, verra certainement le jour, qui sera synthétique. Il s’y agit d’introspection, d’introrévolution, d’un voyage intérieur jusqu’en enfer puisque l’enfer, ce ne sont pas les autres. Tout ce qui m’est aujourd’hui donné d’écrire n’est que la nécessaire préparation à ce roman qui n’en sera pas un.

 

Ce cahier en témoigne, j’ai eu, ces derniers temps, une production éparse : poèmes en vers, en prose, récits absurdes et minuscules. Et ceci a suivi un large effort pour concentrer ma prose sur ce roman vertical. Sans doute à présent vais-je y retourner. Je ne décide pas. Je sais combien j’ai la moindre influence sur ce que j’écris. Je fais confiance à Dieu et s’il n’existe pas, je crois que c’est la meilleure chose.

 

 

 

 

Ci-gît

 

 

Ci-gît la poésie.

Le ciel se couvre et tombe

Sur le cimetière.

« Mais non, dit-on

Ce n’est rien d’autre que la pluie. »

La pluie parmi les pleurs,

Pétales pour ensevelir

La poésie parfois défunte.

 

Bientôt la terre se soulève.

« Résurrection ! », murmure le désespoir.

Ce troublant frère, prosaïque ennemi,

Magicien mercantile.

 

(La nuit venue, le gardien du cimetière ferme les yeux afin de feindre le sommeil.)

 

Nombreux se suivent les amants de la dame, qui voudront la déterrer, chacun à l’endroit de ses pleurs, dans la terreur du vent.

 

« Mais son corps est intact ! », voudront-ils se convaincre.

 

 

A coups de pelles, de pioches, avec leurs ongles et leurs dents, ces amoureux désespérés iront chercher leur cruelle matrice pour arpenter, en dernier lieu, l’enfer.

 

 

 

*

 

 

Peu à peu, il m’arrivait d’être investi. Cette folie qui jusque là s’était trouvée résolue dans un bavardage discontinu relevait à présent de l’univers formel.

 

Objets, qui vous multipliez, quel est votre désir ? Celui que vous ne dévoilez jamais au vrai.

 

Vous êtes une terrible diagonale. Pourtant, je ne vous écrirai jamais. A quoi, je voudrai accorder mes désirs propres. Je connais les cahots de mon très-droit chemin.

 

« Je puisais, dit l’auteur des Cinémas antiques, mon imagination » - et de sourire - « d’un taux variable de schizophrénie, pour lequel j’avais à contrecœur développé une pulsion trophique. »

 

Et cet autre, un peintre, de lui répondre que c’est l’Holocauste, la cause de ce trouble. « Impossible, s’énervait-il, de peindre à nouveau des visages. » Mais le poète regardait ses mains en refusant de croire qu’il soit tant d’holocaustes.

 

 

Icare devenu roi

 

 

Créer la destruction.

 

La création d’un monde nouveau

Passe nécessairement

Par la destruction absolue du précédent.

 

« Je suis donc l’héritier de moi-même, le messager qu’on attendait avec tant d’impatience, sur le parvis des grands déserts.

 

 Je hais. »

 

Cinémas antiques

 

 

 

 

 

 

Voici l’automne.

 

Il y a peu, j’étais dehors et je marchais, très simplement. C’est que le temps permet cela. J’ai flâné sans attendre une vue sur l’oubli. Tout l’été, j’ai cherché à épancher ma soif. Je me suis éveillé un matin : il n’en a jamais été de ma faute.

 

 

 

 

 

Et ce torride été ? L’avez-vous rencontré ? Il m’a téléphoné. J’étais à ma fenêtre à grelotter. J’avais vraiment cru vivre un printemps téméraire, allongé sur le bord de ma fenêtre et je priais encore quand j’ai dû me lever, en entendant la sonnerie de sa martiale rêverie. Il m’a parlé, de sa voix la plus grêle et il s’est excusé, fiévreux.

 

Et maintenant ? Je crois que c’est l’automne qui a vraiment prise et pour ma part, je ne me suis jamais senti aussi loin de mes racines.

 

 

 

 

 

 

L’été

survenu, ce fut

L’automne, que ne suivit

surtout pas l’hiver, entré par effraction

en quelque sorte. Mais aussi avec la tristesse de l’automne

et le prosélytisme extrême de la saison sœur, l’été.

Car l’hiver, ce n’est pas une saison. Non. Plutôt

le mobilier de nos maisons. Pas simplement

la cheminée : les tables, les chaises,

essentiellement l’horloge. Tout

est fonction en ce monde

de l’hiver à venir

et des réserves

de chaleur

puisées

l’été.

 

 

 

 

 

 

 

 

J’étais ce flâneur à Paris, dans les rues du Marais, à m’enliser dans de sombres pensées. Je marchais d’un pas lent, irrésolu. Mais brusquement, je me suis arrêté. J’ai entendu la voix d’une dame qui chantait. Et elle chantait si justement un air interrompu, altéré, d’une tristesse étourdissante, j’en pleurai.

 

Elle n’entendit jamais les pleurs dont je lui fis le présent, agenouillé à sa fenêtre. Le soleil les évanouit, certainement car ce printemps était furieux de sa précocité. Ce n’était vraiment qu’un môme insolent et qui n’entendait rien à la musique.

 

Un chant lointain, inaccessible et qui était, je voulus l’embrasser, le chant de ma douleur.

 

 

 

  

 

 

 

Une expédition polaire

(vivace con moto)

 

 

La perte de sa raison propre n’est guère qu’un exode et c’est inlassablement qu’on le poursuit. Elle se fait tout ce que l’on aime, en des endroits simultanés, pour le vertige de la chose.

 

On se rencontrera, encore et peut-être toujours. Toujours, on aura beau s’interroger, ou l’on se dévisagera, on n’en apprendra plus assez - ne restera que cette impression vive de savoir. Comme un lointain écho, malhabile et arrogant.

 

Ma fenêtre entrouverte entend des oiseaux qui se battent. A ce moment, j’entends qu’hier ils ne se battaient pas.

 

Tous mes sursits me tracassaient. « Avec ça, disais-je, on n’est à l’abri de rien. » J’en ai pris un autre, plus commode.

 

 

 

 

 

 

J’ai recueilli une fleur dont la tige était brisée.

Une fleur qui salivait et qui vociférait,

amusante et si triste à voir

pour qui pouvait la voir.

Car tout autour ce n’était que de grandes herbes

sous un ciel d’aveuglement

qui oppressait le sol

et qui grondait si gravement.

La terre tremblait.

La fleur vociférait

et nul ne l’entendait.

Mais je l’ai vue comme elle pleurait

toutes les larmes de la terre.

 

Le ciel ne fit ce jour que refléter ton sang

et moi au milieu il fallait que je m’abreuve

 

Dans le jardin d’Éden, où ne repose aucune création.

 

 

 

*

 

 

La terre est triste.

Tout est triste à flamboyer.

Voici comme je crépite.

 

Flammes qui me rompent, que je ne vois pas, avec lesquelles je puis débattre, avec mon âme pour objet ; mon sort suivra, vous ignorez comme on existe. Et vous tombez, vous rampez, il faut que vous vous abattiez - enorgueilli du destin misérable d’une flamme.

 

Aux confins du voyage, pourtant, je ne m’attends à rien. Certain déjà d’entendre peut-être sous mes pas le chant épars d’une chimère : à ce moment, je sais que je ne reviendrai jamais. Dans un concert croissant, je m’amoindris en de nombreux millions de voix. Et je m’effraie : bientôt, tout cela ne me connaîtra plus.

 

Ci le réel n’aura plus lieu.

La brise brusquement se sera crispée sur un tremblement nerveux et dense et dès lors perdu. 

A présent, ce ne sont que des revenances.

L’univers en est venu à l’heure de son rayonnement.

Et il est antérieur, multiphonique.

 

 

Et dont le rythme est effrayant.

Dont les reliefs se meuvent.

Comme une magie sans espoir.

Il n’y a rien à voir.

 

Pourtant tout est ici.

Se dessinent les arbres et les fruits,

Les jarres pleines de l’épaisseur du vin.

Dans un jardin momentané.

A la lisière du rêve – tari.

 

Jamais un océan ne s’est asséché sous mes yeux.

J’ai seulement aimé voir ces remous

Parmi lesquels je m’arrêtais,

Comme à moi-même confiant l’instant.

 

Pourtant, cet ici vit,

Ne connaît pas un son.

Pas une création.

Je m’attendris de voir du sable et de ne plus le voir.

Je ne plongerai pas.

Je me le suis promis.

 

 

 

*

 

 

Je peinerai toujours à concevoir cette contrée sur l’infini, à jamais dénuée de vie.

 

C’est pourtant l’expression hâtive d’un furieux tribunal.

 

Voici venue la fin !

Fin d’un voyage.

Commencement d’un autre.

Insensément.

 

Mes yeux ne seront plus ces juges imbéciles. Mais ils seront beaucoup plus inquiétants.

 

La sépulture, c’est ce qui vient après la mort.

Parce qu’autour du corps défunt, il faut bien voir comme tout se fane.

On y veut voir sa propre et intérieure

Sécheresse demeurée

Afin de s’abreuver dans de meilleurs esprits, toujours.

 

 

*

 

 

Alors, on se lève.

Parce qu’il n’est au monde que peu d’espoir.

De toute éternité, s’arroger le bonheur.

Le sentiment du vide. Exquis.

 

A travers une brèche en laquelle on doit bien s’engouffrer un jour, j’ai spolié la réalité, je l’ai défenestrée, je l’ai vidée de son essence et d’elle-même, je l’ai vue se rendre à ce qui reste ultime. L’orgasme est éternel et seule ma chair l’ignore.

 

« Comme la beauté, croit-elle, trop vive, approche la laideur, je n’ai et ne désire que de petits plaisirs. Puisque moi, je ne durerai pas, il me faudra toujours te rappeler à mes limites. Et je m’effraie quand tu t’en vas, tant et si bien qu’à force de trembler, je m’atrophie et je m’assèche. »

  

La borne qui m’interdisait tout mouvement avait un parler abrupt et dogmatique. On ne se contenterait pas de m’empêcher, on voulait aussi que j’obéisse à une déraison qu’il ne me serait pas donné d’être pour autant. « Si je fluctue, admis-je jusqu’à interrompre la borne, ce n’est pas que... »

 

Les arbres égouttaient leurs feuilles au cours de la rivière, selon le rythme de son bruissement.

 

 

 

 

 

On attend trop certainement

Des jours qui se surprennent

Dans les ténèbres d’un baiser

Pour s’y terrer presque aussitôt.

 

Alors on reste

Sur le pas, imaginant la porte

Ouverte brusquement.

On se prosterne sur le seuil

Interminable d’autres seuils.

 

 

*

 

 

Portes et fenêtres d’une maison close.

Alors, je demande pourquoi

Close, pourquoi ces fenêtres

Closes et cette porte

Que ne soumet pas la pluie.

 

Je regarde au-dehors.

Il n’y a rien à voir.

La brume est aussi la fenêtre

Qui éclaire ma tristesse.

 

Alors, je sais, on me convie.

A l’intérieur, on me prie de descendre

L’escalier, de refermer

La porte derrière moi.

Ne se dispersent pas mes pas.

 

Alors, je demande pourquoi

Les fenêtres, pourquoi

Ne se répondent pas.

Mes pas.

Et pourquoi cette porte

Que ne soumet pas

La pluie.

 

Aux portes et fenêtres d’une maison close

Alanguie par la brume

Où s’abattent les souvenirs,

On préfère l’obscurité du vestibule.

 

 

Journal de bord

 

 

J’ai travaillé désordonnément ces derniers temps. Des idées me sont venues qui se sont échouées, qui ne cessent plutôt de se rompre, encore, toujours, de se renouveler.

 

La seule chose que j’aie pu faire fut d’assembler une vingtaine de poésies. Elles sont d’une tristesse affreuse. J’en ai presque honte. C’est bien une voix, la mienne malgré tout, la mienne propre cependant ce n’est pas moi, cette voix qui me hante.

 

J’avais plusieurs idées. Je les ai laissé se multiplier - et quel désordre ! Avant résurrection - Le sens des réalités - et mon récit sans personnage : tout ceci me semble en bien mauvaise voie. Et ce n’est pas aujourd’hui que cela changera.

 

Mais la solitude que requièrent ces pénibles et lents ouvrages est ce qui me harasse. Ainsi, tout le long de la semaine, j’ai cru devenir fou. Et cependant je raisonne encore et toujours. Quelle plaie, mon Dieu !

 

 

 

*

 

 

Jardin d’Éden

Que je dois défricher.

 

Nous nous rencontrerons sur un tas de fumier,

Parmi la fureur de raisons,

Au gré des crues, des mal-saisons.

Seulement sache imaginer

La cité que je t’écrirai,

Notre asile inhospitalier.

Nous nous y aimerons,

Crois-moi.

 

Je n’ai que mes feuillages pour fouetter les ombres.

Mais tu seras la forêt de mes perceptions.

Je te rencontrerai ci-bas,

Dans l’autre monde.

 

Et je t’endormirai tout près d’un arbre.

Le bel arbre tutélaire.

Et je serai l’unique spectateur

De tes intestins festoiements.

Je serai mille, peut-être autant

Dont tu me souviendras

Sans que je sache au grand jamais

Que tu ne fus jamais que moi.

 

 

 

*

 

 

Les jours eux-mêmes perdront le toit

Qui nous protégeait d’eux.

Nous les ramasserons pour nous en revêtir.

Mais déjà nous nous abreuvons

Au glacis de leur flot.

Les jours ainsi s’écouleront

Mais bien après nos veines

Sur nos plaies.

 

Nous avons déjà goûté la sagesse du fruit mûr

Et il nous a déplu.

Nous étions durs, nous étions vénéneux.

Nous étions fervents d’une nuit

Qui ne connaissait que nos habitacles.

 

Et quand une bougie

Venait à nous surprendre

Avec pour ébats le murmure de la pierre,

Nous rougissions au regard de la flamme

A bout de devenir.

 

 

 

 

 

Cette gerbe de roses que tu portes,

Ô Jacqueline Kennedy,

Ce sont mes mains sur ta poitrine.

 

Si nous ne sommes que de vieilles roses,

Préservez du moins nos pétales dans vos livres.

 

Floraison de mes doigts,

Épargnez vos racines.

 

 

 

*

 

 

Pour le suicide, je ne vois qu’une mort lente et raisonnée.

Je ne vois qu’une attente, aveuglément, qui énumère les silences.

A chacun qui se rompt, pas un seul instant n’a encore écoulé

Les siècles desséchés que je n’irriguerai à aucun prix.

 

Je ne saurai que rompre

Afin d’être divin

Et momentanément

Toute hypothèque du futur

Et selon chaque instant.

 

 

 

*

 

 

Ce monde est triste d’une mer

Aux îlots sanguinaires.

Contemple ses remous.

Il te sera aussi permis d’en rire.

On pourra se jeter sur toi.

Jamais cependant on ne t’atteindra.

La mer et calme jusqu’aux confins pâles et tristes.

Qui ne te recevront pas.

Mais tu pourras encore en rire,

Ma tendre pierre, évanescente

Aux pleurs dont je te cogne.

 

 

 

*

 

 

Quand de ta nuit tu me diffères,

Ce sont mes lueurs qui te plaignent.

Pauvres univers, impartis par mégarde

(Sachent du moins nos bleuités

 Se déchirer avec splendeur).

 

Ton rire était

C’est son mystère, demeuré

M’écartelant ! Une aimable torture.

 

Du jour et de la nuit,

Jamais nous ne nous rencontrons.

 

 

 

*

 

 

Les pores de ces rivages nous engouffreront

Jusqu’en enfer

Et peut-être plus loin.

 

 

Commune

 

Ce n’est qu’une ruelle.

Frêle bras de ville

Pour me soulever.

Une ruelle qui me bouleverse.

Et cependant mes circonvolutions

Me dessinent tout autre que la ville.

 

Une ruelle grimaçante, strangulaire.

Pa toi la cité n’est que deuil.

Une ruelle qui m’incarne

Dans ses inconstances.

Tremblante, s’y dessine

Une cité de rêve.

La ville de mes rêves.

 

 

 

 

 

A ce moment

Particulièrement sombre

Je ne vois

Qu’une pénombre souvenante.

Ce n’est alors qu’un murmure

A faire frémir d’horreur le vent.

 

 

 

 

 

 

 

Ici la douleur est ma chair

Aux intestins éblouissants.

 

Ce banquet fut celui

Des grands jours de ma vie.

Il n’y eut qu’une nuit.

Ce fut notre festin.

 

Lorsque s’en vint le petit jour,

Repus, je m’endormis.

Ce ne fut pas un somme sans son rêve qui me dévora,

Qui me dévora ombre, moi aussi.

 

Ces monts pliant sous l’érosion,

Ne sont pas notre exil.

Car nous ramasserons encore des pierres.

Ce sont nos pères impitoyables que nous élevons

Sur le charnier insaisissable de nos plaines.

 

 

 

 

 

Nous sommes revenus

Parmi la demeure du crime.

Un crime, certes,

N’avait pas de raison d’être.

 

Et cependant la demeure est antique.

Au sol un corps, le carrelage.

 

 

 

 

 

 

 

J’esquisse avec pour souvenance

Le moindre résidu  

De mon art.

C’est un tiers univers, dénué d’horizon.

 

Il n’y a rien à faire. D’ailleurs,

je ne ferai rien.

Jour de grève.

 

D’antiques théâtres nous revêtent

Qui projettent leur pénombre nuancée

Sur la clarté de nos esprits

Inessentiels.

 

Tu m’as rendu à ma liberté pâle.

 

 

 

Tempête, la sais-tu,

Ta cruauté ?

Je te la narrerai.

 

Un arbre est tombé devant moi.

Et je n’ai su le rattraper.

Il m’a défiguré.

Il a entravé mon chemin.

J’entendais me blottir.

Ses pitoyables griffes sur ma joue

M’ont caressé toute la nuit.

Nous avons pu nous disputer la pluie

Selon son goutte à goutte vaniteux.

Et puis la terre,

Sais-tu ? La terre s’est animée.

J’aurais pu m’y noyer.

J’avais très peur.

Et d’ailleurs j’ai encore très peur.

Demain aussi j’aurai très peur.

 

Par les grands vents de ce mois de mai,

J’irai cueillir des tombes

Sous les arbres frais déracinés

Car tu demeures saisonnière ma fureur.

 

 

 

 

 

 

Ce soir aussi le vent est doux et ferme comme un sein.

 

« Il faut se reposer ! », me dit le vent.

 

Mais j’ai si peur

de ne jamais y revenir.

 

Statues et fontaines se partagent mes pleurs.

Ma joie aussi : je l’ai gravée sur l’eau.

 

 

 

*

 

 

Comme une plaine apprivoisée,

Une immensité naine, méconnue.

Comme un chant d’oiseau

Que l’on croit reconnaître.

Et l’enfant né avec ses traits

Qui parlent pour de calmes pleurs.

Et tout le monde entend, alors

Ce que l’enfant n’a pas à dire.

 

 

 

 

Sommeil de plaine

 

 

Atterré de soleil j’écris ces mots

Ellipsés tout en convenances

Avec pour arme, pour me protéger, une brindille.

 

A la froisser, j’écris mon errance

Cachée

Derrière une brindille.

 

 

 

Après le crépuscule

 

 

Je m’éveillais presque toujours d’humeur gaillarde alors. Pourtant, je sentais déjà la tristesse en moi, comme un noyau quelque part dans ma cervelle. Pour peu, il m’aurait été donné de le localiser. Je m’en moquais. Je déteste les médecins de l’âme.

 

Mais ce caillou que je sentais en moi et qui se liquéfiait et se répandait sur moi, obstruant le parcours de mes pensées, éradiquant mes moindres vues sur l’avenir, ne m’astreignant vraiment qu’un après-midi du soleil - après qui, il ne me fallait pas plus attendre - et observer le monde autour de moi, autre que moi et cependant semblable. Le monde est moi. Tous deux étions continuellement bouleversés par de soudains chahuts, en diable vacarmeux, pour la plupart inexplicables.

 

Douleur, quand tu es devenue déraisonnée, je n’ai plus rien eu à te dire. Je ne pouvais plus même te confier mes poèmes. Tu t’en moquais. Au moindre de mes mots, j’aurais dû geindre. Mais un haussement d’épaules me devint familier.

 

Événements, vous ne me brusquiez plus, alors. Je n’étais qu’en moi-même avec ma douleur pour spectacle. Et ma douleur, il ne m’était plus même donné de la saisir. Au matin, j’en caressais les contours, ils étaient bouillonnants. Mais lorsque j’arrivai chez moi ou au café devant une assiette pleine, mon repas m’était devenu indifférent. Je n’entendais plus guère que le tourment de mes couverts. Et je les remuais juste pour attiser le sanglot intestin que je n’écoulais pas.

 

Je me disais : « Voilà ma vie, revenue au-devant de moi. »

 

 

 

MANGE

mon ami

 

Car ce repas - notre festin

A aussi convié ta solitude.

Et tu te noieras dans le vin,

Le vieux vin qui enivre les amis,

Le vin mûri dans les sous-sols.

De ma solitude à tes lèvres,

Mon ami,

S’écoule un festin voyageur.

Car l’amitié n’est qu’un instant.

Et l’amitié est un tourment.

L’amitié vit,

Crois-moi

Et

 

MANGE

toi aussi.

 

 

 

*

 

 

Abîmes de la nostalgie,

Dont le chant nous élève et nous ensevelit.

 

J’ai regardé le ciel

Et me suis évanoui.

Je suis entré en transe.

 

Entendras-tu, amie,

La valse du silence ?

 

Parfois la frayeur nous surprend

D’entendre intact un chant si pur,

Un silence d’antan

Qui éblouit comme les millénaires.

 

Les siècles comme des ombres

Dont nous recueillons les fruits.

Et chaque fruit, non entamé

Comme un chant vertical, dressé

Auquel ne répond que la nostalgie.

 

Écoute cet instant - la nuit.

Le chant de sa chair mûre,

Amère,

Comme les meilleurs fruits de cette terre.

 

En de mirifiques transes

Et selon leur perpétuelle danse.

Entends, te prié-je, la nuit

Selon le pas perpétuel de leur paisible danse.

 

 

 

 

*

 

 

Paisible valse qui parcourt mes nuits

De ton pas souple, si léger.

Parmi ton chant épars, auréolé,

Soulève à l’arracher mon cœur.

Il est si lourd.

Offre-moi de te recevoir en ma demeure.

Je t’offrirai mon cœur

Et tu te nourriras de sa fureur.

 

Calme valse aux éclats virtuoses,

Rare nuit tombée de toute éternité,

Je n’entends plus que toi.

Je n’entends plus que ton chant,

Calme écho de mon sang.

 

La nuit tombe

D’une branche d’éternité

Et se dissipe.

 

A son rebours la nuit tombe.

 

 

 

 

Prière

 

 

Si tu connais ma cécité,

Crépite seulement, soleil.

Affronte-moi toujours.

Et si tu ne t’écries,

Si tu connais ma cécité,

Alors, ma vie

Sera la lueur pure

Qui corrompt la chandelle.

 

Mon offrande est de chair.

Ma sueur est suprême.

Et le soleil se tait.

 

Mais toujours il subsiste

Cette vague sensation

Que ne grandit qu’une ombre sous mes pieds,

Que l’ombre n’est qu’un crépuscule

Car je n’ai que la peur pour prier

Et je n’ai que mes yeux pour m’aveugler.

Il n’est que ma terreur qui prie.

 

 

A livre ouvert

 

 

Très pâle dans ma calme tombe, je ruisselle de joie. Car j’entends qu’on me chante - avec cette gouaille pleine de faux bémols. On siffle mes amours, on applaudit ma mort, j’ai dénoué mes intestins et on a ri.

 

Je me suis avéré un excellent athlète, à me précipiter sans même tomber.

 

La nuit est un spectacle antique.

Je me la joue pour le savoir.

 

Le vénérable bruit.

 

Le sang s’est écoulé.

La nuit, le ciel s’est déchiré.

 

Du sang s’écoule-t-il des cieux ?

La nuit, déchirée sans tonnerre

M’a éveillé ; je n’ai ouvert les yeux

Que pour te voir et tu dormais.

Et la pluie te berçait.

A mon tour, je t’ai éveillée.

« Entends, t’ai-je soufflé, ce que la nuit nous dit. »

 

 

 

 

 

Il n’y a rien d’autre que le carreau d’une fenêtre, quelque jour de pluie que l’on s’éveille.

 

Ainsi naît la musique.

 

Et le tableau des gouttes qui embrassent la vitre.

 

(Et tout ceci donne à songer qu’encore la poésie ne peut être que velléitaire ; c’est sa malédiction et elle est musicale.)

 

Pour peu que l’on parvienne à se saisir d’une goutte, un instant, si infime qu’éternel, vous offrira le spectacle d’une sculpture toute divine - sculpture suprême parmi les sculpteurs et qui nous sculpte, à notre tour, par milliers, en sa musique, son théâtre.

 

Enfin, quelques musiciens, Satie en est, ont eu le talent de laisser une portée vide au-dessus des tristesses de leurs très humaines voix.

 

 

*

 

 

Chaque soir, un besoin tel que l’envie de décharger, de pisser, de déféquer, l’assaille. Chaque soir, ce besoin progresse sur lui et le héros se meurt.

 

Il voudrait se cloîtrer. Il est certain que le refuge qui l’accueille tous les soirs qu’il passe en solitude, à traquer ses pulsions trophiques, ce refuge « n’en est pas un ».

 

Il prolongeait d’entières nuits dans le fauteuil du salon de son grand appartement, rideaux baissés. Il a préféré se blottir contre l’obscurité de sa cave : un très étroit réduit parmi tant d’autres. Parfois, un voisin descend : « A la cave, siffle-t-il, chercher le vin de l’amitié. »

 

Bientôt, le héros s’ensevelira.

 

 

 

 

Suicide seul

 

 

Il n’hésita pas un instant à vivre comme il faut, c’est-à-dire qu’il préserva la distance qui le séparait des ombres crues mais il n’abdiqua jamais son théâtre propre.

 

Aussi pouvait-on dire, pour qui songeait à lui, qu’il avait, ce qui est rare, une âme. « Et c’était elle qui conversait. » Tristesse et affliction du chien.

 

Ce qui est arrivé, peut-on imaginer, c’est, parvenu à l’âge mûr, qu’il aura cueilli quelques résolutions douces, amères, pénitentiaires : ayant cessé de croire, il cessa de songer. Ses pensées s’immobilisèrent.

 

« J’en suis arrivé là, écrivit-il à ses lointains, ce n’est pas mon malheur. Mon destin, je ne l’ai pas brisé mais au contraire pleinement assumé. J’ai attendu qu’on me survive. On ne sait pas, c’est vrai. Mais on ne sait jamais. »

 

Imaginons plus audacieusement : il a pu songer à ses survivants. Il se sera ensuite dévêtu de son costume sombre et droitement, il se sera perdu dans un désert à la rechercher d’un Christ qu’il était, afin de le tuer. Il sera perdu en invoquant ce Christ absent. Car il ne lui répondrait pas, ce Christ tout de cire, évanescent à la lueur profondément enfouie des ombres sous le chapiteau du désespoir.

 

 

*

 

 

Imaginer la connaissance.

Appréhender l’oubli.

S’enseigner qu’on entend

La très-humaine condition.

 

Spirituel

Au gré de l’heure.

 

 

*

 

 

Si le pourquoi demeure

Obscène parmi l’infini.

 

 

*

 

 

Par-delà les montagnes,

Après toute révolution. 

 

Montagne, révolution, espoirs.

Une charogne débonnaire gît.

Car le sentier parmi lequel nous jaillissons

n’est pas celui de nos espoirs.

 

Nous gravirons sa pente forte

Afin d’en éprouver les plus cruelles accalmies,

Dépassant nos révolutions.

Chimères !

 

Nous abreuverons nos pores dans les fontaines intérieures, à la clarté du sang des roches.

Et cet ici 

N’aura plus vraiment loi.

Ne nous recueillera que par mégarde

Ainsi ne vivrons-nous. 

 

 

 

*

 

 

Si ce puzzle n’a pas de forme,

C’est qu’il est là pour nous apprendre 

Qu’il n’a pas de forme.

 

Un jeu de cartes sur la table

Nous dira aussi :

« Dans le désordre où nous nous disputons... »

 

 

*

 

 

(Désespéré de mes envols muets)

 

 

 

Paysage

 

 

Les acteurs d’un théâtre incertain se superposent au gré de la scène, cependant restée semblable, identique pour chacun, qu’ils se saisissent au tremblement du familier, sans pour autant délaisser l’impact omniprésent de leur confrontation. Ces acteurs-ci vivent hybrides de dérèglement d’un spectacle normé, jailli trop brusquement, après une trop longue identité de sa répétition.

 

Le paysage s’en ressent, n’est plus du tout le même. L’unanime pulsion, raillée, qui émeut l’acteur à-demi improvisant son sympathique rôle, se verra de nouveau harmonisée. En quoi on le saura ou non, selon le jeu qui, s’il obéit malgré tout à son geste originel, individu, si le lieu appartient aussi aux gravités multipolaires dont on ne sait, au fond, par la fureur même de leur nombre, rien, ou peu, évidemment, tout, de même que le reste, parce qu’il est très fréquent de se tromper. L’obéissance générale sera vive et adéquate envers ce lieu dénaturé - ou inconnu ou encore méconnu. Le lieu, lui-même, peut-il être tel, alors que l’acteur vit - et d’autres son tombées, des cartes pressenties parfois mais toujours inconnues.

 

Les politiciens aussi comptent parmi nos amis. C’est vrai : je les regarde discuter tout en marchant, de leur pas lent et obséquieux, les mains en mouvement, le visage grave et je les entends mal mais je les connais assez pour savoir ce qu’il en est, ce qui se dit, surtout ce qui est tu ; aussi peut-être puis-je imaginer ce qui s’ensuit : la vie propagée malgré peut-être eux-mêmes, régissant d’une impulsion la vague cruauté de l’opinion.

 

C’est vrai qu’on n’aime guère les politiciens. Très jeunes, il n’y a pourtant pas à s’y tromper, à moins d’un incident, on taira qu’il est affectif, ils sont déjà, en germe mais profondément ce qu’ils auront à devenir. Et les voici, d’un œil au regard obtus, imprécis - et terrifié - tristement unanimes et figés. Je garde constamment cet œil sur moi. Aussi, de mon regard tout aussi imprécis, je conforte le sentiment d’indifférence, à tous égards, entre ces politiques droitement exacerbés et la constante sinuosité de nos intelligences bafouées.

 

 

 

 

Inscrit sur une tombe

 

 

« Il n’y avait ni misère ni heurts

Du temps de mes ardeurs fictives.

Je n’ai vécu que l’instant où j’ai vu

En moi ce qu’autrefois j’avais perçu.

De toute éternité la frénésie. »

 

Ici où les fleurs fanent.

« Combien notre labeur fut imparti,

Injuste et inutile. »

Les pleurs s’ensuivent, on disperse les cendres.

Avec malheur et toujours seulement on se recueille.

 

L’homme ne vit que par défaut.

Criminel malhabile.

Son ombre n’est qu’un crépuscule.

Implore-t-il ? L’espace lui dénie jusqu’à ses pleurs.

 

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Commentaires :

  Une des plus belles pages de Pascal Leray par Patrick Cintas

Une des plus belles pages de Pascal Leray.

La voici d’un seul tenant, dazibao accroché au mur de la RALM, à grands caractères même vue de loin.

Aucun livre de papier, même numérique, ne peut rendre compte de l’étendue de cette surface. Solitairement le support, vieux de dix-sept ans, tente de jouer à la cimaise malgré l’énormité de ce pan d’une architecture dont les « chantiers » [voir RALM 102] trahissent quelque peu les ressources profondes et pérennes.

Ne lâchez jamais l’enfance de l’art, cette herméneutique toujours nouvelle, et toujours en déformation éditoriale, nouvelle anankè.

On ne sait jamais ici comment on saute le ruisseau, ni pourquoi ça devient poétique malgré l’assommoir d’une narration constante qui, en d’autres mains, eût franchi les limites du pathétique bourgeois dont la canaille fait encore ses choux gras malgré les progrès incontestables de la science linguistique. Le passage de la logique, qui encore de nos jours meuble la scolarité, à cette tourmente de signes qui croise nos réseaux, n’a pas fini de pousser son poète dans les cordes.

Ne cherchez pas plus loin la cohérence de l’œuvre, car c’est elle qui fait écrire son auteur, et pas le contraire.


 

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